Compétitivité et emploi Le cri d'alarme de Coop de France, Ania, FNSEA
Les trois organisations syndicales se sont élevées d'une seule voix, le 13 novembre à Paris, devant la presse, pour que les pouvoirs publics prennent (enfin) les bonnes décisions pour remettre en avant la filière agricole et agroalimentaire.
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Ecotaxe, CICE, guerre des prix, loi d'avenir... pour quel avenir ? S'interrogeaient, mercredi 13 novembre devant un parterre de journalistes de la presse pro et grand public, Philippe Mangin, Xavier Beulin et Jean-Philippe Girard, respectivement président de Coop de France, de la FNSEA et de l'Ania. « C'est un cri d'alarme que l'on veut lancer », martèle Philippe Mangin.« Halte à la destruction et la désindustrialisation de valeur et d'emplois dans la filière agricole et agroalimentaire », s'insurgent les trois présidents. Ils n'ont pas manqué de rappeler ainsi le poids de cette « première industrie de France » : avec les deux tiers de la production agricole française (en baisse constante) transformés par les IAA, plus de 160 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2012, près de 500 000 salariés, 13 000 entreprises qui affichent un excédent de la balance commerciale de 9,2 milliards d'euros (8,5 milliards attendus en 2013). Et pourtant, elle est de plus en plus fragile...Unis pour réclamer une pause fiscaleIls resserrent ainsi les rangs pour réclamer tout d'abord « une pause fiscale ». L'écotaxe a en effet mis le feu aux poudres... « Une énorme inquiétude et une mesure on ne peut plus injuste qui frappe 15 000 kilomètres de routes secondaires, a reconnu Philippe Mangin. Sachant que la majorité de nos coopératives effectue des transports de marchandises sur des distances de moins de 200 kilomètres en moyenne. »Alors « parler de pause est une mesure de bon sens, souligne Xavier Beulin. Je regrette seulement que la suspension n'ait pas été suivie de prise de contacts avec les professionnels. » Professionnels qui se verraient bien au final être totalement exonérés de cette écotaxe...Une situation de distorsions permanenteLes nouvelles normes et réglementations entretiennent également « une situation de distorsions de concurrence permanente, constate le président de la FNSEA. On charge la barque et on décourage les porteurs de projets. »Sans compter que la mesure la plus distorsive pour les entreprises françaises est le coût du travail. « La Cooperl, par exemple, qui compte 3 000 salariés, est en concurrence directe avec l'Allemagne qui supporte un coût de main-d'oeuvre trois fois moindre », calcule Philippe Mangin. Il regrette d'ailleurs que les coops ne soient toujours pas éligibles au crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), un manque à gagner de 120 millions d'euros au total (5 M€ pour la Cooperl).De son côté, Jean-Philippe Girard, s'inquiète d'une loi LME qui s'est vidée de son sens et qui « enterre une boîte par jour dans nos secteurs d'activités ». Au total, ce sont 300 entreprises qui ont déposé le bilan cette année, s'alarme le président de l'Ania. « Avec une marge qui a diminué de 14 % en cinq ans, on est proche du point zéro, poursuit-il. Nous devons passer des produits bradés à des produits valorisés. »Inverser la spirale négativeQuant à la loi d'avenir, elle est encore loin d'être à la hauteur de leurs espérances et il ne semble « rien en attendre ». Le volet investissement et modernisation est encore bien timide selon eux... Et « l'agroécologie sans investissement, recherche et innovation, je demande à voir », lance très sceptique Xavier Beulin.Jean-Philippe Girard milite ainsi pour « des assises de la croissance et de la fiscalité » : « Nous avons besoin d'une visibilité, d'un moratoire fiscal. » Si les trois présidents craignent que « nos positions ne cessent de s'éroder, alors que l'on a des carnets de commande en pleine croissance pour nos filières en Europe et dans le monde (...) mais dont on ne tire aucun bénéfice ». Ils restent confiants : « On peut encore s'en sortir, mais il faut inverser cette spirale négative. »
Catherine Queheille
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